Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/332

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de député, quelques papiers, une petite clef et 16 livres 5 sous en assignats[1]. Quoique les médecins déclarassent qu’il était près de rendre l’âme, le mourant fut porté au Comité de sûreté générale ; – Couthon, évanoui, attendait sur une civière qu’on le dirigeât vers l’Hôtel-Dieu pour y être pansé[2] ; – Maximilien Robespierre, la face en sang, était transporté, étendu sur une planche, jusqu’aux Tuileries[3]. Le blessé parvint au Carrousel

  1. Les papiers et objets trouvés sur Robespierre jeune sont aux Archives nationales, F7 4433. L’une des lettres est de Buissart.
  2. Archives nationales, AFII 47, plaquette 363.
  3. Il est indispensable d’exposer pour quelles raisons on adopte ici la version du suicide de Robespierre, version contraire à la tradition, généralement répandue, d’un coup de pistolet tiré par le gendarme Méda.

    Outre la déclaration de Bochard, concierge de l’Hôtel de ville, de Dulac, agent du Comité de salut public, on possède le récit écrit « d’après les renseignements fournis par les employés du Secrétariat de la Commune », et où on trouve ces mots : « Robespierre s’est brûlé la cervelle. » (Journal de Perlet, n° 487, du 24 thermidor, p. 87.) On doit ajouter à ces témoignages celui de l’orateur de la députation de la section des Gravilliers, reçue par la Convention, le 16 thermidor : « Robespierre l’aîné se donne un coup de pistolet dans la bouche, et en reçoit en même temps un d’un gendarme. » (Moniteur, réimpression, XXI, 385.) Tout en appréciant l’intention louable de ce citoyen soucieux de concilier les deux versions, le premier terme de sa déclaration est seul à retenir, puisque l’on sait, par le procès-verbal des chirurgiens, que Robespierre ne portait trace d’autres blessures que celle qu’il s’était faite à la bouche et n’avait, par conséquent, reçu d’aucun gendarme aucun coup de feu.

    En présence de ces quatre relations, dont trois sont contemporaines de l’événement, – celle de Dulac a dû être écrite quelques mois plus tard, – faut-il tenir compte du récit de Méda, daté de septembre 1802 et qui contient presque autant de hâbleries et de bévues que de lignes ? Si l’on en croit son Précis historique des événements qui se sont passés dans la soirée du 9 thermidor, Méda fut le héros de la journée : c’est lui qui arrête Hanriot, son général, au Comité de sûreté ; – voyant les membres du Comité de salut public, « fort embarrassés », il « se mêle à leur séance » et les conseille si bien que, simple gendarme, il est nommé sur-le-champ commandant de toutes les forces dont dispose la Convention. Son premier exploit est de « se sauver en passant sous le