Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/352

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Il convient de signaler combien fut remarquable, à divers titres, la descendance du menuisier Duplay : son fils Maurice, le collégien de l’an II, mourut, en 1847, administrateur des hospices de Paris ; une petite-fille d’Auzat épousa l’associé de la plus célèbre maison d’édition française, et nul n’ignore que Philippe Le Bas, l’orphelin de thermidor, élevé à Juilly, soldat de la garde impériale, historien et latiniste éminent, dut à ses travaux d’épigraphie la renommée et un fauteuil à l’Institut. Il fut, sous la Restauration, le précepteur d’un jeune Français, alors exilé, qui se nommait Louis-Napoléon Bonaparte. Ainsi le fils d’un conventionnel robespierriste forma l’esprit du futur Napoléon III. Éléonore Duplay, elle, demeura volontairement sans descendance et sans histoire ; celle qu’on avait appelée la fiancée de Robespierre, celle que Dubois-Crancé surnommait, à la grande joie de Danton, Cornélie-Copeau, se considéra-t-elle comme liée, par ses pesants souvenirs, à la mémoire de Maximilien ? Elle y demeura obstinément fidèle et ne se maria jamais. Elle cherchait manifestement à se faire oublier, car son nom ne se rencontre nulle part, – que sur une tombe, au cimetière du Père-Lachaise, où on lit : Françoise-Éléonore Duplay décédée à Paris, le 26 juillet 1832, à l’âge de 64 ans. Quel regret qu’une telle femme, qu’on dit avoir été supérieurement intelligente et artiste, – le peintre Regnault l’avait eue pour élève, – n’ait pas écrit, comme sa sœur Élisabeth, un mémorial de famille ! Il est vrai que les confidences de ce genre n’ont de valeur que par leur sincérité, qualité difficilement exigible de témoins si enclins à l’apologie.