Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/356

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rendre visite à la mère Laviron : le 10 thermidor, Laviron l’aîné avait préparé chez lui un grand repas auquel devait assister Robespierre en personne qu’on attendit en vain toute la journée, on sait pourquoi. Laviron, ne pouvant nier qu’on eût, ce jour-là, chez lui, cuisiné opulemment[1], s’excusa piteusement en alléguant que le 10 thermidor coïncidait avec la fête de sainte Anne et qu’il voulait célébrer, non le triomphe éventuel de Robespierre, mais la ci-devant patronne de la corporation des menuisiers. L’excuse, peu vraisemblable, ne fut pas admise, car, près d’un an plus tard, on retrouve Laviron, toujours détenu, transféré de la prison du Luxembourg à la citadelle de Cambrai[2].

On s’étonne que, dans les deux volumineux rapports qui lui furent commandés par les thermidoriens victorieux, Courtois, énumérant tous les crimes de la faction robespierriste, n’eût point tiré parti des conciliabules tenus chez Fauvelle et chez Vaugeois par les conspirateurs. Mais Courtois était dantoniste, et peut-être préférait-il ne point parler des « orgies de Choisy », à l’origine desquelles on retrouvait Danton et quelques spéculateurs de son entourage, – sujet scabreux. Il est surprenant également que Vadier n’ait point bruyamment triomphé en apprenant l’arrestation de la sœur de Vaugeois, la femme Duchange, sexagénaire paralysée depuis quinze ans et si faible qu’on dut l’emprisonner à l’hospice de l’Évêché. L’occasion s’offrait

  1. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, III, 305. Baraillon, député à la Convention, dénonce que, le 10 thermidor dernier, il devait y avoir à Créteil une fête en l’honneur de Robespierre. « Déjà la volaille, les agneaux étaient égorgés… »
  2. Archives nationales, F7 477448, dossier Horace Molin.