Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/365

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sans éclat : après sept mois de prison, dont six semaines « dans les transes de l’agonie[1] », il se retrouva sur le pavé de Paris, libre mais sans ressources, et, – par surcroît, – très amoureux. Il avait, en 1795, cinquante-neuf ans. Sans doute avait-il été attiré dans le taudis de la rue Contrescarpe moins pour la satisfaction de baiser le menton de la vieille Catherine que par le plaisir d’y rencontrer les jolies colombes. À peine sorti de prison, il épousa l’une d’elles, l’aînée des deux sœurs Raffet[2], puis il sollicita un emploi sous le nom de Chaligny[3]. On le nomma, le 8 nivôse an VI, commis d’ordre à la troisième division au ministère de l’Intérieur, aux appointements de 2.500 francs[4], il y végéta pendant quelques années, se rendant tous les jours de la rue Saint-Dominique-d’Enfer, qu’il habitait, à la rue de Grenelle où était situé son bureau. Ces indications sont précises, mais fort sommaires ; on voudrait pénétrer dans l’intimité du ménage de ces deux époux qui s’étaient connus en des circonstances si extraordinaires ; savoir les impressions qu’ils échangeaient lorsqu’ils

  1. Revue rétrospective, 2e série, tome IV, Mémoire pour dom Gerle.
  2. Le mariage dut se conclure au début de 1795, car, dans une lettre non datée, mais écrite évidemment en 1799 puisque, né en 1736, Gerle s’y déclare « âgé de 63 ans », il se dit « marié depuis cinq ans ». Archives nationales, FIB II G, carton 5.
  3. Ou Chalini. Dans une supplique, sans date encore, qu’il adresse au Directeur Rewbel, on trouve : – « Je me flatte que, mettant de côté et dans l’oubli même, toutes les infamies dont la jalousie et la malveillance ont couvert le nom que je portais, vous voudrez bien me reconnaître sous celui de ma mère, que j’ai adopté… » et il signe Gerle-Chalini. Auvergne historique, Varia. Or sa mère s’appelait Marie Goy. Même source. On n’aperçoit donc pas d’où l’ancien chartreux tira son pseudonyme.
  4. Archives nationales, FIB I, 5.