Des trois hommes auxquels il doit de n’être pas oublié, Vadier, Héron et Sénar, ces deux derniers étaient morts avant lui. Héron, arrêté cinq jours après l’exécution de Robespierre, eut le temps de détruire ses papiers compromettants ; il fut déféré, en prairial an III[1], au Tribunal criminel d’Eure-et-Loir. Se sentant perdu, il fit une belle défense, publiant placards sur brochures, en appelant à la Convention nationale, au peuple souverain, à tous les Français, protestant de la pureté de son âme, dénonçant à jet continu[2]. Il gagna de la sorte l’amnistie que la Convention proclama dans sa dernière séance du 4 brumaire an IV. Ayant ainsi frustré l’échafaud, Héron se fixa à Versailles ; il y décédait quatre mois plus tard, à son domicile, 1, rue des Réservoirs[3]. Sa femme, qu’il voulait faire guillotiner, lui survécut près d’un demi-siècle[4].
Sénar connut autant de geôles que son terrifiant compère[5], implorant son renvoi à Tours et écrivant ses effarants Mémoires, si précieux, sur certains de ses collègues du Comité de sûreté générale, au sujet desquels sa véracité est manifeste, puisque subsistent les dossiers d’archives où l’on peut contrôler ses assertions. À la fin de 1795, il rentrait à Tours, objet de mépris et d’horreur pour tous les honnêtes gens de cette ville dont il avait été le premier magistrat. Il se logea dans une maison de la