Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est dressé à singer grotesquement les allures[1]… »

Ceux qui s’apprêtaient à rire s’illusionnaient cruellement.

Dans Versailles bouillonnant et encombré, les députés affluent de tous les points du royaume : riches prélats et grands seigneurs amenant équipage et livrée[2], pauvres curés de campagne, sans argent et sans bagage, ébahis d’être là ; hobereaux, bourgeois, gens de loi, paysans errant à l’aventure dans les solennelles avenues, en quête d’une auberge ou d’un garni[3]. L’administration a fait imprimer une liste de 1.200 logements vacants ; mais nombre de Versaillais préfèrent racrocher les arrivants au passage pour spéculer plus aisément sur leur embarras[4]. Beaucoup de députés pauvres du Clergé et du Tiers, perdus dans cette grande ville inconnue, se réunissent entre collègues d’une même province pour vivre ensemble économiquement. On trouve facilement des chambres meublées à 40 ou 45 livres par mois ; un écu par jour en plus pour la nourriture[5]. On traite pour trois mois, terme le plus long prévu pour la durée de l’Assemblée des États.

Robespierre, nommé le 26 avril, partit d’Arras

  1. Cette plaisanterie est signée Fourdrin, de Frévent. Elle a été reproduite dans Le Clergé du diocèse d’Arras pendant la Révolution, par M. Deramecourt, I, 547 et s.
  2. Thibaudeau, Mémoires, 66.
  3. – « Le pavé est noirci de députés qui courent çà et là. » Mémorial des États généraux.
  4. Note obligeamment fournie par M. Lesort, archiviste départemental de Seine-et-Oise, d’après Archives nationales, O1 354.
  5. Lofficial, député aux États généraux, par M. Leroux-Cesbron. La Révolution française, 1920, p. 371.