Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/48

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côté droit. Ils s’y trouvèrent au nombre de 560[1]. Trois mortelles heures se passèrent en discussions avec les maîtres des cérémonies et les huissiers ; enfin le défilé commença à travers les splendeurs des salons et de la Galerie : on avait disposé des barrières formant un couloir étroit que suivaient, peu docilement, l’un derrière l’autre, les représentants, tandis que, à l’abri de ces balustrades, les belles dames et les habitués de la Cour regardaient passer « ces braves gens[2] ». Parvenu à la chambre du roi, chacun faisait un profond salut à Louis XVI qui, debout entre ses deux frères, entouré d’une foule d’élégants seigneurs, causait et riait sans prêter la moindre attention au défilé des élus de la Nation. Un seul arrêta les regards de Sa Majesté par la singularité de son costume, veste noire, gilet brun : c’était un laboureur, le père Gérard, député par la sénéchaussée de Rennes. Le Roi lui dit : « Bonjour, mon bonhomme[3]. » Ces menus faits colportés, propageaient le mécontentement.

Robespierre était certainement à Versailles pour la procession du 4 mai, pompe militaire et religieuse où la susceptibilité vétilleuse des députés du Tiers fut exposée à de nouveaux froissements. Il

  1. L’Arrivée des députés aux États généraux à Versailles, par Louis Batiffol. Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, XVI, 1889.
  2. Mémoires, de Gauthier Biauzat, II, 21.
  3. L’Ouverture des États généraux. Lettre d’un député breton, Fournier de La Pommeraye, Documents sur la Révolution, par d’Héricault et G. Bord, 1re série, 119 et s. On sait que le nom de ce Père Gérard servit de titre à Collot d’Herbois pour son almanach fameux. Le peintre David a représenté le Père Gérard avec ses quatre enfants. V. Le Magasin pittoresque, XXIX, I.