Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/67

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Un mois plus tard, Robespierre prenait, avec Pétion, le chemin de sa bonne ville d’Arras où l’avaient aigri tant de déconvenues douloureuses. Cette fois, depuis Bapaume, deux cents cavaliers entouraient sa voiture et il fut reçu le soir, aux barrières d’Arras illuminé, par un groupe de vieillards portant des couronnes civiques, des femmes vêtues de blanc et des enfants jetant des fleurs ; il y eut des banquets, des discours, des adorations ; les Buissart exultaient[1]. Le 28 novembre, Robespierre était de retour à Paris[2] et s’installait définitivement chez le menuisier Duplay.

On a compris déjà que l’intention n’est pas d’écrire ici une Vie de Robespierre, mais seulement de pénétrer, s’il est possible, la ténébreuse psychologie du personnage qui tiendra le premier rôle dans le drame dont le récit va suivre. Scruter son enfance malheureuse, les blessures de son orgueil juvénile, les difficultés et les déboires de ses débuts, c’est entrevoir déjà les causes de sa sombre humeur,

  1. Il est fait allusion à cette entrée triomphale et à la part qu’y prirent Buissart et sa femme, – la belle Arsène, – dans un grossier pamphlet qui circulait à Arras après thermidor et qui est intitulé La Lanterne magique ou les grands conseillers de Joseph Lebon. Sur le même fait v. les Mémoires, de Charlotte Robespierre et Hamel, II, 5 et s., qui a eu connaissance d’une lettre écrite d’Arras par Robespierre à Duplay.
  2. Il renonçait, quoiqu’il ne fût plus député, à tout esprit de retour dans son pays natal. On trouve dans les registres du District d’Arras « sa demande en dégrèvement de sa contribution mobilière parce qu’il a totalement abandonné la maison qu’il habitait rue des Rapporteurs ». Lecesne, Arras sous la Révolution, I, 88, n.