Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/83

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Providence avait été offensée » et que « la simple impression ne suffirait pas à la venger[1] ». Il proposa que ce discours édifiant fût envoyé aux armées, à tous les corps constitués, à toutes les sociétés populaires, imprimé en placards, affiché dans les rues et dans les camps, traduit dans toutes les langues et répandu dans tout l’Univers[2]. Applaudissements répétés, vote sans discussion, et, le soir, aux Jacobins, seconde lecture du sermon, salué de nouvelles acclamations et de trépignements frénétiques.


ROBESPIERRE
Extrait des Mémoires de Barras.
Édit. Hachette

Admirable docilité du peuple de France ! Lui qui, quelques semaines auparavant, se pressait aux cérémonies sacrilèges du culte de la Raison et avait applaudi à l’exhibition d’une fille d’opéra dans le chœur de Notre-Dame, il fit sur-le-champ volte-face et, pendant les jours qui suivirent l’affichage du discours « du sublime Robespierre », les Parisiens ne s’entretinrent, – et avec un attendrissement très sincère, – que de l’Être suprême et de sa prochaine fête, fixée à un mois de là. Jamais, depuis quatre ans, le Bon Dieu n’avait connu pareille vogue ; les députations affluaient à la barre de la Convention pour la féliciter de sa décision. Jamais, dans une assemblée parlementaire, on ne célébra avec autant de ferveur le Créateur de toutes choses ; jamais on ne bénit avec plus de componction sa divine Providence à laquelle tous les harangueurs attribuaient, – sans rire, – le bonheur dont jouissait la France.

  1. V. le tableau de cette séance dans Aulard : Le Culte de la Raison et le culte de l’Être suprême, 267 et suiv.
  2. Moniteur, réimpression, XX, p. 411.