Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/96

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gentiment Fouquier, mais si Robespierre le veut, tu y viendras, et je pourrai te faire monter sur mes petits gradins. – Mais je suis patriote, gémit Sénar ; tu condamnes donc des patriotes ? – Patriote ou non, ce n’est pas mon affaire, je ne suis qu’un être passif ; lorsque Robespierre m’a indiqué quelqu’un, il faut qu’il meure. » Bouleversé, Sénar s’écroula évanoui, dans un fauteuil. En reprenant ses sens, il entendit les deux autres, peu préoccupés de son malaise, poursuivre leur conversation. « Les têtes tombent comme des ardoises », disait Fouquier. Héron, optimiste, répliquait : « Ne t’inquiète pas, ça ira encore mieux[1]… »

Quand Vadier, en quête d’un stratagème qui lui permît de ridiculiser Robespierre, s’en remit à ces deux compères du soin de lui trouver quelque chose de joyeux, le dossier qu’ils dénichèrent contenait certaines pièces amusantes provenant du guillotiné Chaumette, naguère procureur de la Commune de Paris. Vadier y découvrit notamment le procès-verbal d’une perquisition opérée en janvier 1793 par le commissaire de police de la section des Droits de l’homme, chez une veuve Godefroid, couturière, demeurant rue des Rosiers, au cinquième, sur la cour[2]. Cette citoyenne faisait ménage avec une vieille femme nommée Catherine Théot qui, après avoir servi longtemps chez des petits bourgeois, était devenue sur le tard visionnaire et thaumaturge. Signalées à la police par la dénonciation des

  1. Procès de Fouquier-Tinville, n° III, p. 4, de l’imprimerie du Bulletin républicain. Déposition de Sénar.
  2. Archives nationales, T 604-605.