s’obstine à les déplorer, sans m’en donner l’explication.
J’appelle Kaddour qui rôde autour de ma chambre. Il a son air misérable des lendemains de querelle ; son teint paraît plus noir, ses yeux grésillants se sont éteints et, lorsque je prononce :
— Zeïneb est au Moristane ! Zeïneb, la fille d’un notaire !
Il s’effondre, bouleversé par les remords.
— Nous nous étions disputés pour ce bijou, et, comme je ne voulais pas le lui acheter, elle a lâché mon plus beau canari. Un canari qui m’a coûté dix-huit réaux.
À cette pensée, la colère ranime Kaddour un moment. Je répète :
— Pour ton oiseau, tu as mis au Moristane la fille d’un notaire !
La réalité l’accable de nouveau.
— Allons la chercher, lui dis-je.
Aussitôt il est debout, impatient, joyeux. Il ne désirait que cela. Il bouscule les gens ; il lance des « Balek ! », étourdissants. Néanmoins, l’approche du Moristane calme sa vivacité.
— J’ai peur qu’elle ne veuille plus revenir chez moi, avoue-t-il.
Et, au moment où je franchis la porte, il murmure précipitamment :
— Dis-lui que j’achèterai ce collier avec ma prochaine paye.
Dans le vestibule, accroupi sur une peau de