Page:Leo - Aline-Ali.djvu/101

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— Qu’importe ! S’il vous a blessée, je dois le punir ! Quel est son crime ?

— Encore une fois, je n’ai pas le droit…

— Je vous en conjure ! s’écria-t-il en se jetant à ses genoux, vous soumettez mon amour à des épreuves… Ne me contraignez pas à une résolution qui me briserait le cœur ! »

Touchée de son désespoir, la jeune ne prit pas garde à ces derniers mots, dont la menace l’eût blessée. Pressant elle-même la main de son fiancé :

« Je voudrais pouvoir vous satisfaire, lui dit-elle, je le voudrais de tout mon cœur ; mais l’honneur me le défend. Le crime de cet homme, d’ailleurs, n’est sans doute pas à vos yeux ce qu’il est aux miens. Il s’agit d’une de ces actions que l’on juge trop peu sévèrement dans le monde : la séduction d’une femme et son abandon.

— En vérité ! s’écria-t-il en se relevant, il est par trop étrange de vous entendre émettre de pareilles idées et de vous voir mêlée à de pareilles aventures ! »

Il avait, en disant cela, un tel air de hauteur, de sévérité, de soupçon, que Mlle de Maurignan se sentit vivement blessée.

« Apaisez vos inquiétudes, monsieur Larrey, dit-elle, je ne serai point votre femme ! »

Il s’écria, hors de lui :

« Cette parole, que j’hésitais à dire, vous l’avez donc prononcée ! Eh bien, soit ! Il vaut mieux qu’il en soit ainsi…

« Et cependant, reprit-il après un silence pendant lequel ses traits bouleversés révélaient une anxiété, une agitation extrêmes, un mariage annoncé