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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/104

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et les exigences de M. Larrey, et l’impossibilité où elle se sentait désormais d’être véritablement unie à un homme qui la froissait dans ses fiertés les plus pures. Elle glissa sur ce qui touchait M. de Vilmaur, et vit bien que son père évitait lui-même ce sujet.

« Cher père, dit-elle en achevant, je suis une révolutionnaire ; je ne veux obéir à aucun autre homme qu’à vous.

— Oui, oui, dit le vieillard en se laissant enlacer dans les bras de sa fille, cela ne t’oblige pas beaucoup… »

Mais ce dernier murmure s’éteignit entre deux baisers.

« Tu n’aimais donc pas M. Larrey ? dit-il ensuite.

— Si… Mais je crois bien que ce n’était pas une passion, répondit-elle avec un joli mouvement de tête, à demi souriante, à demi confuse. Je suis pourtant affligée du chagrin que je lui cause. Pauvre Germain ! il est désolé, — quoique la vanité, je l’ai bien vu, tienne la plus grande place dans son cœur.

— Je m’occupe surtout de toi, je l’avoue, dit M. de Maurignan. Un tel éclat, je le répète, est une bien grave imprudence. On en cherchera les raisons.

— Je les dirai.

— Autre imprudence plus grave. Cet esprit d’indépendance chez une femme, les hommes ne le pardonnent pas.

— Que m’importe, dit-elle, puisque je n’estime pas ceux qui pensent ainsi ?

— Mais en est-il d’autres ? Et as-tu bien compris les tristesses d’une vie solitaire ? Chère enfant, tu joues en ce moment toute ta vie. Tu sacrifies le bonheur à l’orgueil.