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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/106

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sance, et que l’autre pratique le despotisme ? Toute régénération vraie, sérieuse, est impossible tant que l’être humain enfant ne sucera pas le lait pur de la liberté.

— Bien ! murmura le vieillard ; mais pour cela il faut être mère… »

Mlle de Maurignan eut un sourire où rayonna la confiance de sa force, de sa jeunesse de sa beauté, et, se penchant sur son père qui, triste, rêvait :

« Je ne sais si j’aimerai, père ; mais, je vous l’affirme, je ne me marierai point, à moins de connaître mon fiancé, non comme un frère est connu de sa sœur, ce qui serait peu, mais comme un frère connaît son frère. »

Un mois après, quand ils revinrent passer quelques jours à Paris avant de partir pour une de leurs terres, située dans l’Anjou, M. de Maurignan et sa fille apprirent le mariage de Germain Larrey avec Mlle de Vilmaur.

Cette substitution étrange et subite d’une fiancée à une autre faisait grand bruit dans le monde et jetait l’ombre la plus fâcheuse sur le caractère de Mlle de Maurignan, d’autant plus qu’on admirait la générosité de M. Larrey, qui s’attribuait tous les torts de la rupture.

Miss Dream ne pouvait s’en consoler ; un jour même, suppliant son élève d’être prudente et de ne point perdre son avenir par des exigences outrées, elle lui cita sa propre expérience, et parla d’un employé du Lancashire, qui avait, il est vrai, certains défauts…

« Mais ce qu’il y a de plus dur, ajouta-t-elle en pleurant, c’est de vivre sans famille ! »