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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/115

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puis, c’est une chose odieuse que ce soient l’exemple et surtout les discours des hommes qui corrompent l’enfant.

— Corrompre ! répéta Donato en haussant les épaules. Idéaliste, va ! Et pourquoi prétendre que le plaisir, loi suprême de la vie, soit corrupteur ?…

— Il énerve au moins, et, par ta propre bouche, bafoue l’idéal.

— Eh ! mon cher, l’innocence elle-même ne demande qu’à être pervertie, répliqua Donato, qui venait de jeter un coup d’œil en arrière. Ton jeune homme nous écoutait. Paolo mio, tu prêches comme un saint, que tu n’es pas ; mais la douleur seule est un mal, et entre autres la fatigue ; aussi vais-je remonter sur mon char. »

De son côté, Ali reprit sa place près de son père, et quelques instants plus tard Paul et Léon se jetaient dans un sentier de chèvres qui abrégeait le chemin

On s’élevait de plus en plus, et de plus en plus la scène devenait splendide par l’apparition incessante de nouvelles crêtes de montagnes qui, blanches, froides, éblouissantes au soleil, surgissaient à l’horizon. D’autres, moins élevées, dégagées de leur neige pendant l’été, fauves et rugueuses, dessinaient par de fortes ombres les déchirures de leurs sommets, leurs assises énormes, et les forêts cramponnées à leurs flancs. Les vallons déjà parcourus par nos voyageurs n’étaient plus, de cette hauteur, que les coupures d’une immense vallée qui, se creusant de plus en plus, déployait sous leurs pieds tout un horizon renversé de bois, de prés, de villages, de villes, enfouis dans ces profondeurs. L’air en même