Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pâle, et, rendant les rênes, il passa devant le couple pétrifié sans leur adresser un nouveau regard. Un peu plus loin, il dépassait les compagnes de Louise et rejoignait son père, qui, marchant d’un pas ralenti, jetait souvent les yeux en arrière. Donato était occupé de se défendre contre les railleries de Léon, qui le plaignait de s’être laissé, lui cavalier, enlever sa belle par un simple fantassin. Quelques minutes après, Paul, tout haletant de sa course, vint se placer près d’eux.

« Il sait vaincre, dit Léon, mais non profiter de la victoire. Je m’attendais, Paolo, à te voir arriver à la danse en tenant sous ton bras la fille aux yeux bleus.

— J’ai voulu seulement lui donner le conseil de se défier de Donato, » répondit Paul, qui masquait sous un sourire affecté une préoccupation assez vive, et qui chercha vainement le regard d’Ali.

Tavaïannaz était sous leurs pieds, vaste et gracieuse enceinte de verdure, dans un cercle de cimes escarpées, la plupart inaccessibles, dont les bases reposaient ailleurs, en des vallées plus profondes. Au centre à peu près de l’entonnoir, on apercevait rangés en demi-cercle les chalets, près desquels des flots myrmidoniens s’agitaient en sens divers. Quelques sons aigus, fendant, comme de petites flèches, l’espace, venaient, perceptibles à peine, mourir dans l’oreille. À mesure que l’on descendait, musique, bourdonnements, cris, foule, banderoles, chalets, tout devenait plus distinct ; les vêtements colorés des femmes éclataient sur le fond des habits de bure brune que portent les paysans vaudois ; les ailes des grands chapeaux de paille d’Italie, ornés