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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/137

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de rubans, flottaient ; on distinguait, à côté de la croix blanche sur fond rouge arborée au sommet des tentes, le pavillon vert et blanc du canton de Vaud, et les sons argentins des clochettes attiraient l’attention sur les héroïnes de la fête, les belles vaches, éparses dans la prairie, qui, le cou tendu, regardaient en rêvant cette fourmilière d’êtres humains s’agiter au milieu de leur pâturage, et chercher vainement à remplir de leurs faibles cris le majestueux silence de la haute vallée.

À la table du chalet, Paul vint s’asseoir près d’Ali Celui-ci restait muet, dans une attitude passive, empreinte d’autant de douceur que de tristesse ; était-ce bien sa faute à cet enfant si de son innocence et de sa pureté émanait une sévérité si douloureuse, si involontaire ? Attaché sur lui, le regard de Paul, d’abord un peu mécontent et ironique, devint ému, et sur la fin du frugal repas, que défrayaient seuls le lait, la crème et le fromage du chalet :

« Ali, dit-il, voulez-vous venir aux danses avec moi ?

— Non, je préfère me promener d’un autre côté.

— Moi, je veux surtout me promener avec vous. »

Ali se leva sans répondre ; ils sortirent ensemble et se dirigèrent du côté désert de la prairie.

« Enfant, dit Paul en prenant le bras de son ami, que vous êtes sévère !

— Comment ? dit Ali en rougissant.

— Vous me jugez très-mal, je le vois, et vous pensez peut-être que je me suis vanté à vous, l’autre jour, d’un sacrifice dont je serais incapable ? C’est