Page:Leo - Aline-Ali.djvu/146

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vous pour vous servir. Il y a bien l’avalanche ; mais ça n’est arrivé qu’une fois.

— Eh bien, mon brave, dit Paul avec le sérieux soudain que prenait parfois sa fantaisie, nous ferons cela peut-être, et, en ce cas, je compterais sur vous. »

Au sortir de Sollalex, le chemin gravit une pente raide sur les rocher dans le bois, sous l’abri du formidable rempart des Diablerets. Au bord du sentier, dans le gazon, couraient d’adorables petites roses blanches, mousseuses. Enfin, après avoir traversé de nouveau le torrent, sur un pont formé de troncs de sapins, l’on atteignit le haut du plateau. À droite, un groupe de cabanes ; en face, un immense pâturage ; à gauche, immédiatement, la masse rugueuse, écrasante, énorme, des Diablerets ; au large, à l’entour, d’autres cimes ; c’était Anzeindaz.

On alla boire du lait et se reposer aux chalets ; puis on se remit en marche pour visiter l’éboulement.

Il y a plus d’un siècle, une partie du sommet des Diablerets se brisa, et, tombant dans la vallée, la combla en partie de ses débris. C’était à la fin de l’été. Des chalets d’alpage existaient sur ce point de la montagne. Aux bruits qui précédèrent l’ébranlement, quelques armaillis s’enfuirent ; les autres furent ensevelis, et probablement écrasés. Un homme se trouva enfoui dans son chalet, sans autre mal que l’horreur d’une longue agonie. Compté au nombre des morts, sa famille le pleura et lui fit au village des obsèques imaginaires.

Six semaines après, un dimanche, à la sortie de l’église, où l’on venait de prier encore pour les âmes