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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/150

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celles de la vue humaine. — Il y avait seulement la goutte bleue du Léman, tout au fond, là-bas, avec ses bords vaporeux, marqués de lignes blanches.

On entendit un bruit sourd, suivi d’un cri déchirant, et toutes ces merveilles, s’effaçant aux yeux de ceux qui les contemplaient, furent remplacées par des impressions tout autres, celles de l’effroi et de la pitié. Ébloui, fatigué sans doute, M. de Maurion avait glissé du haut de la roche et gisait renversé quelques pieds plus bas. Son fils, déjà descendu près de lui, relevait la tête du vieillard évanoui.

Paul aussi fut bientôt sur l’étroit espace qui, heureusement, avait préservé M. de Maurion d’une chute plus terrible. Une légère blessure au front, quelques gouttes de sang, étaient les seules marques apparentes de l’accident. On remonta le vieillard sur la plate-forme, et Paul s’empressa de pratiquer une saignée. En voyant le peu de sang qui vint sur sa lancette, il pâlit. L’évanouissement durant toujours, il fallut s’occuper de descendre le malade ; les châles de voyage, déchirés et noués, formèrent une sorte de litière que portèrent, en se relayant, tantôt les deux guides, tantôt Paul et Donato.

Quant à Léon, il prit les devants, se laissant glisser aux pentes, avec le bonheur de l’imprudence ou de la folie, pour aller préparer des secours et envoyer chercher jusqu’à Bex les médicaments que demandait Paul. Ali suivait ou précédait le cortége, obtenant rarement sa part du cher fardeau, que lui disputait la pitié de ses compagnons, et si pâle que l’énergie seule de la douleur devait soutenir ses forces.

La descente ne s’accomplit qu’avec des fatigues