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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/152

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une telle confiance, unissaient ce père mort et ce fils resté vivant, séparés désormais par l’affreux peut-être, tout au moins par l’infranchissable ! Tant de qualités élevées, tant de charmes d’esprit, tant d’adorable bonté distinguaient ce vieillard ! et surtout pour celui qu’il avait le plus aimé !…

La douleur d’Ali eut un caractère sauvage, morne, insensé, que Paul respecta. Par lui furent épargnées à son jeune ami ces tortures qu’imposent les consolations, également hors de ton, des indifférents et des amis tièdes. Il n’usa d’aucune contrainte ni d’aucune importunité, et, rassuré par une promesse, laissa l’enfant s’abîmer dans sa douleur, seul, près du mort adoré.

Il fut son appui silencieux, mais toujours prêt, et son intermédiaire fidèle vis-à-vis du monde extérieur. Sur un mot d’Ali, tout se prépara par les soins de Paul. Il fit venir de Genève les médecins chargés d’embaumer le cadavre, commanda le convoi funèbre, et monta dans la voiture près d’Ali.

Aucun parent du défunt ne s’était présenté, et la seule lettre qu’Ali eût écrite portait pour suscription :

« À miss Helen Dream, rue de l’Université, à Paris. »

Le train de Genève, qui ramenait le corps de M. de Maurion, venait de s’arrêter à Culoz, où se trouve l’embranchement du chemin de fer de Lyon et de celui d’Italie.

Ali prit la main de son compagnon :

« J’ai à te demander, lui dit-il, un nouvel acte d’affection et de confiance : descends, prends la route de l’Italie, et laisse-moi rentrer seul à Paris.