Page:Leo - Aline-Ali.djvu/153

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— Seul ! dit Paul étonné. Quoi ! tu n’as plus besoin de ton ami ?

— J’aurai toujours besoin de toi désormais, Paul, et, je te le jure, nous nous reverrons prochainement. Seulement, il faut que nous nous séparions aujourd’hui.

— Cher mystérieux ! Et pourquoi ?… Je n’ai donc point ta confiance ?

— Ô Paul ! toute la confiance, toute la reconnaissance, toute la tendresse que peut contenir une âme, je les ressens pour toi ! »

En parlant ainsi, les yeux d’Ali se mouillaient de larmes. Il reprit :

« Je t’en supplie, cède à ma prière sans m’interroger. »

Le front de Paul se couvrit de tristesse.

« Où te reverrai-je ? demanda-t-il.

— À Florence.

— Quand ?

— Bientôt. Je te l’écrirai. »

Ils échangèrent leurs adresses.

Une contrariété sérieuse, une vive peine, se peignaient sur le noble visage de Paul. Il considérait avec émotion ce frère adopté, cet enfant malheureux et chéri, qu’il n’eût pas voulu quitter si tôt, et malgré lui son regard s’emplit de reproche.

« À bientôt, Paul, dit Ali, dont le regard humide, sincère et tendre, affirmait plus éloquemment encore cette promesse. À bientôt ! »

La vapeur sifflait. Paul pressa dans ses bras son ami et sauta hors du wagon.