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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/166

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pas d’être consolé. Si tu aimais, Ali ?… Le bonheur est dans l’amour.

— Il est aussi dans l’amitié, Paul. Désormais… elle sera tout pour moi. »

Ils revinrent ensuite sur le temps de leur séparation et s’épanchèrent en mille détails, se donnant l’un à l’autre ce bonheur, compris seulement par ceux qui aiment, d’entendre son ami parler de lui-même. Cependant, en voyant les yeux de Paul se porter sur la belle pendule en bronze florentin qui garnissait la cheminée, le front d’Ali s’assombrit.

« Je t’ai retenu bien longtemps, dit-il, et tu devrais déjà sans doute être près d’elle. Je te quitte. À demain.

— Tu vas me suivre. Elle te connaît ; elle te recevra en ami, et quelle joie pour moi de te présenter à elle ! »

Mais les traits d’Ali exprimèrent une sorte d’effroi.

« Non ! pas ce soir, Paul ! Non ! pas ce soir ! Plus tard.

— Et pourquoi ?

— Je succombe à la fatigue. Il me faut du repos. Demain. »

Ils eurent alors un vif débat sur la question du logement d’Ali. Paul voulait garder chez lui son ami ; mais, alléguant son besoin d’indépendance et de solitude, le jeune homme fut inflexible.

Peu de jours après, il quittait l’hôtel où il était descendu, pour s’installer dans un appartement proche de celui de Paul. Présenté par celui-ci à tous ses amis, le jeune Français fut aimable et cordial, mais plein de réserve. Il répondit aux invitations en alléguant son deuil récent. Deux ou trois jeunes