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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/165

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brillant flambeau et les âmes qu’il embrase et illumine. N’est-ce pas ? — Maintenant, ami, parle ; dis-moi ta pensée. Me blâmes-tu ?

— Pourquoi te blâmerais-je, dit Ali d’une voix brisée, si ton amour est pur et fidèle ?

— Il l’est, je te le jure. C’est pour la vie que je l’aime, et elle, si vraie, si passionnée, je ne puis croire qu’elle cesserait de m’aimer, tant que je resterai digne d’elle. Pauvre âme déçue ! plus d’une fois meurtrie déjà par la vie, mais insatiablement altérée d’amour !

— Elle a pu en aimer d’autres que toi, Paolo ?

— Ah ! s’écria-t-il en se levant, eh bien ?… Serais-tu donc impitoyable pour des erreurs ?… Toi, tu en aurais le droit, soit ; mais d’autres… Moi je ne l’ai pas. Comme elle, je me suis trompé ; j’ai fait pis. Elle, toute jeune, seule, ainsi exposée, pouvait-il en être autrement ? Elle n’a péché que par sainte confiance. Et je la condamnerais, moi, pour une faute dont je m’absous ! Non, ces choses-là se trouvent dans le vocabulaire de votre Prudhomme ; elles ne sont pas dans la conscience… Toi-même, Ali, si, malgré de semblables erreurs, tu m’estimes, tu n’as pas le droit de l’honorer moins.

— Tu es en toutes choses bon et juste, murmura le jeune de Maurion en penchant son front sur l’épaule de Paolo, afin de lui dérober son visage.

— Et tu pleures toujours, enfant ! pourquoi ? Mon bonheur semble t’attrister encore. J’espérais te le faire partager un peu.

— Laisse-moi verser quelques larmes… aujourd’hui… j’aurai plus de courage ensuite.

— Oui, mon enfant chéri, pleure ; mais ne refuse