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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/168

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« De celui-là, tu ne peux être jaloux, » dit-elle à Paolo.

Et contemplant le jeune Français :

« Che delicioso giovanne ! E Cherubino a vinti anni ! Vous n’entendez pas l’italien, monsieur de Maurion ? Si !… Ah !… quelle indiscrétion ! Désormais je ferai mes remarques in petto. »

Et toute la soirée, au souper, elle s’occupa de lui avec tant de naturel et de grâce, qu’il ne sut discerner si elle avait pour but de le charmer lui-même ou de satisfaire Paolo.

« Ma che tristezza ! disait-elle à demi-voix à son amant en contemplant d’un air attendri son jeune hôte.

— Ce garçon-là est malade de solitude, dit Bancello à la prima donna. Vous devriez chercher remède à son mal.

— Chercher ne signifie rien, dit-elle, jetant un vif regard à Paolo ; trouver est tout. »

Malgré ce bon accueil, Ali retourna peu souvent chez la Rosina, et quand Paolo lui en adressait des reproches, il répondait :

« Tu n’as pas besoin de moi près d’elle.

— Tu te trompes, disait Paul en souriant. Je suis un avare, j’aime à réunir mes trésors. »

Ali n’avait pas oublié la jeune fille rencontrée au bureau du journal et si mal reçue par Léon. Il retournait chez celui-ci quelques jours après son arrivée, et le priait en souriant de vouloir bien accueillir de sa prose, si toutefois il n’écrivait pas trop mal l’italien. Paul Villano étant le principal actionnaire et le soutien dévoué de la Liberta, le jeune débutant était d’avance assuré d’un accueil favorable.