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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/18

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Elle ne regardait pas la foule, mais le gigantesque monument, que le soleil couchant transfigurait de teintes roses, estompant ses lignes, à la manière d’un ciel italien. Entre ce modèle de sereine puissance, arraché à l’éternelle beauté des formes, et cette jeune et belle créature, incarnation d’idéalités supérieures, on eût rêvé de secrets rapports.

La calèche, après avoir atteint la plate-forme de l’Étoile, descendit rapidement l’avenue, où, çà et là, dans la foule des équipages, le vieillard et sa fille échangèrent plusieurs saluts, An bois, comme le cocher allait prendre l’allée des Lacs, la jeune fille dit vivement :

« Père, une vraie promenade ! voulez-vous ? Il fait si beau !

— Soit, » répondit-il ; et sur son ordre la voiture s’engagea dans la grande allée, presque déserte, qui se dirige vers Passy,

« Tu n’oublies pas qu’on nous attend près du lac ? ajouta le vieillard avec un sourire.

— Laissons pour un moment ce processionnel défilé. Père, voyez sur les grandes masses fauves le bel effet de ces traînées de jeune verdure. Et là, sur le bord, dans l’herbe, ces pâquerettes, avec leur collerette neuve et leur cœur d’or.

— Toilette paysanne. Mais là-bas aussi de nouvelles toilettes s’arborent, dont tu délaisses le coup d’œil.

— Que m’importe ? fit-elle en hochant la tête.

— À la bonne heure. Mais Germain Larrey ?… »

Cette fois, le mouvement de tête fut plus doux, et accompagné d’un sourire un peu malicieux. La voiture continua de rouler vers la Muette, et là le co-