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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/182

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— Dans le temple de l’athéisme moral, dit avec mépris le jeune de Maurion. L’arrangement à coup sûr est admirable, puisqu’il vous fait recueillir à la fois les jouissances du vice et les avantages de la vertu ; mais il a un grand défaut.

— Lequel ? demanda-t-on.

— De n’être qu’un joujou de fantaisie, un château de cartes, bâti sur une pointe d’aiguille, et qui va crouler le jour où les femmes s’apercevront que votre intérêt n’est pas le leur.

— Bah ! les femmes sont aveugles, s’écria-t-on en riant.

— Oui, jusqu’ici. Mais le jour n’est pas loin où va tomber la taie qui couvre leurs yeux. La foi aux vieux dogmes, vous le savez bien, se meurt, et si les habitudes d’illogisme qu’elle a imprimées à leur esprit durent encore, elles ne sauraient durer bien longtemps. Eh quoi ! vous êtes viveurs, égoïstes, débauchés, et, contre toute loi de nature, vous prétendez procréer des anges épris d’abnégation, de dévouement et de duperie ? C’est insensé. Vos filles vous ressemblent. Ne voyez-vous pas que chez elles aussi bien que chez vous la boîte crânienne s’aplatit, s’épate ? Calculatrices contre calculateurs, égoïstes contre égoïstes, elles répondront demain à vos ingénieux systèmes d’inégale répartition des devoirs que la plaisanterie a trop duré, et que les contes bleus ont fait leur temps. Alors il faudra choisir, quoi que vous fassiez, entre la courtisane et la femme honnête, entre l’ordre véritable dans la justice, avec la pudeur et la licence universelle et sans frein.

— En ce cas, à la licence universelle ! et à son