Page:Leo - Aline-Ali.djvu/191

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Les femmes qu’il avait défendues, même, pour la plupart, eussent désiré qu’il se fût battu. Il eût été pour elles, à ce prix seulement, un héros complet, bien digne qu’on essayât de le rendre infidèle à cette vertu, qu’il avait si admirablement défendue. Car, il faut le reconnaître, le christianisme n’a rien détrôné, et Mars et Vénus s’entendent comme au temps du vieil Homère. Union pleine d’affinités de la violence et de la débauche. Dans un ordre social basé sur la guerre, la courtisane répond au soldat.

Sous la protection de Paolo, qu’entouraient ses propres amis, Ali, pendant les jours qui suivirent, supporta convenablement sarcasmes, sourires, défis nouveaux. Paolo Villano exerçait dans Florence une influence d’autant plus sérieuse qu’elle résultait moins de sa fortune et de ses relations de famille que de son caractère. Aimé des uns, craint des autres, il n’était à personne indifférent. L’opinion publique, étonnée d’abord, pencha cependant en leur faveur.

Ali reçut vingt lettres de femmes, quelques lettres d’hommes pleines d’estime et d’approbation, et des bouquets à foison, muet hommage de sympathies inconnues. Mais de tous les suffrages, le plus enthousiaste fut celui de Rosina. Elle accourut avec Paolo dès le lendemain chez Ali et l’accabla des plus vifs témoignages d’une admiration exaltée. Il dut l’accompagner aux Cascine dans sa voiture, où cette reine de Florence prit plaisir à l’accabler d’hommages publics.

Les nouvellistes même prétendirent qu’Ali supplanterait Paolo. Mais celui-ci, trop loyal pour être