Page:Leo - Aline-Ali.djvu/204

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Ils revinrent à Florence, Paolo tout pensif, Ali brisé, pâle. Comme ils entraient au théâtre, le spectacle finissait ; ils trouvèrent dans sa loge la prima donna. En les apercevant, elle jeta un cri, et ce fut au cou d’Ali qu’elle s’élança tout d’abord.

« Méchant enfant ! Détestable enfant ! D’où viens-tu ? dit-elle.

— Des bords de l’Arno. »

Rosina lança un coup d’œil de ressentiment à Paolo.

« C’est vous, lui dit-elle, qui me causez ces angoisses. En ne vous voyant pas ce soir dans la salle, j’ai eu froid au cœur. »

Paolo railla ces craintes sans motif, et demanda, non sa liberté, qu’il sacrifia galamment, mais au moins celle de son ami.

Rosina répondit avec aigreur, et finit par fondre en larmes. Sur une douce raillerie du jeune de Maurion, elle se calma pourtant, mais continua de bouder Paolo ; et le soir, quand ils l’eurent conduite chez elle, elle affecta de le renvoyer, en leur disant à l’un comme à l’autre :

« À demain. »

Ce lendemain, vers midi, Ali était dans sa chambre, occupé à lire, quand il vit entrer Rosina.

Elle semblait confuse, ses beaux yeux soulevaient à peine leurs paupières, et l’on eût dit que sur ses joues, si fraîches pourtant, des larmes avaient passé Elle vint prendre les deux mains d’Ali, qui s’était levé pour la recevoir, et, s’inclinant presque à ses genoux :

« Me pardonnerez-vous, lui dit-elle, cette visite inconvenante ? Je suis de celles dont les actes sui-