Page:Leo - Aline-Ali.djvu/209

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tendiez. Demain, je vous attendrai toute la matinée. Si vous ne venez pas, j’irai vous parler où vous serez, même, si vous m’y forcez, chez votre ami. À demain. »

Ali se rendit chez Rosina. Elle demeurait via della Pergola, dans une jolie maison à terrasse, donnant de façade sur la rue et des trois autres côtés sur un jardin. À l’intérieur régnait avec profusion un luxe un peu théâtral, mais harmonieux. On conduisit Ali dans le boudoir de la cantatrice, où il l’attendit.

Cette petite pièce était ravissante. La lueur rosée des rideaux, la mollesse des sofas, la beauté des tableaux, représentant les plus admirables nudités dues au pinceau des maîtres ; les parfums d’une serre attenante, d’où venaient, par la porte ouverte, les douces haleines de l’oranger, de la rose, du jasmin, tout charmait dans ce réduit silencieux, clos de portières épaisses et embelli de détails exquis. Pourtant, son plus grand luxe peut-être était la vue de la serre, où le regard plongeait, par une large glace sans tain, dans les masses habilement disposées des arbustes, et parmi les courants de feuillages des cobéas et des glycines, sur le fond desquels éclataient les vives couleurs de l’orange, des roses, des cactus et des camélias.

Le regard pensif d’Ali était fixé sur ce frais tableau, quand, averti par une sensation intime qu’il n’était plus seul, il se retourna et vit Rosina debout près de la porte, le regardant avec une expression ardente et douloureuse. Les bras et le sein à demi nus sous un peignoir de dentelle noire, les traits animés par la lutte suprême qu’elle se disposait à