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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/219

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retrancher l’heure qui vient de s’écouler. J’ai vu et ne puis comprendre.

— Mais, douter…, répondit Ali.

— Dissipe ce cauchemar. Parle.

— Non !… oh non ! Par respect pour moi-même, pour notre amitié…, si elle existe encore…, j’attendrai que tu aies choisi.

— Et de quel choix s’agit-il !

— Entre Rosina et moi. Rosina, sans doute, a déjà tout expliqué. Si tu la crois, je n’ai rien à dire.

— Ah ! s’écria Paolo, voilà ce que je craignais ! Quel choix horrible ! Pourquoi lutter ainsi dans mon cœur l’un contre l’autre ? Ne voyez-vous pas que je suis l’arène vivante que vous foulez aux pieds tous les deux ? En sera-t-il donc ainsi tant qu’il y aura des amis et des maîtresses ? Ne deviez-vous pas vous être sacrés l’un à l’autre ! Si tu l’aimais, que ne l’as-tu dit ? Peut-être… je t’aimais tant !… Au moins j’eusse pu, le cœur déchiré, t’estimer toujours. Mais couver cet amour et ta jalousie, te cacher chez elle, surprendre nos entretiens… Ah !…

« … Ce n’est pas vrai ! s’écria-t-il tout à coup avec énergie, ce n’est pas vrai !… Tu ne peux avoir fait cela, toi ! C’est impossible ! Explique-moi donc tout : que ce soit simple ou miraculeux, je te croirai. Parle, fais la lumière.

— Et si j’accuse Rosina ?

— Ali ! ah ! ne l’accuse pas ! Ne l’accuse pas, Ali ! Elle se sera trompée… Les femmes habituées à tout charmer se trompent ainsi quelquefois. Laisse-moi te croire toujours, et l’aimer encore. Enfant, prends garde, tu es bien jeune et bien pur ; connais-tu l’amour ? »