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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/218

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Il s’éloignait à grands pas, quand, retournant la tête, il vit à l’ouverture du châssis le visage de Paolo empreint d’une stupéfaction profonde. Ali, cependant, ne s’arrêta pas ; il traversa rapidement la maison, sortit dans la rue, et, sans chapeau, les mains souillées du sang qui s’épanchait d’une profonde coupure, il se jeta dans la première voiture vide qu’il rencontra. Chez lui, après avoir donné l’ordre de ne laisser entrer que le seigneur Villano, il s’enferma, refusant les soins de son domestique, attaché déjà à ce maître doux et généreux, dont la pâleur et les blessures l’effrayaient.

Une demi-heure après environ, Paul se présentait chez son ami. Livide, crispé, bouillant sous la glace dont il se couvrait, après avoir, en entrant, refermé la porte de la chambre, il se tint à deux pas, debout, silencieux. Ali de Maurion était assis près d’une petite table, dans une attitude affaissée, douloureuse ; c’étaient des larmes, sans aucun doute, qui avaient creusé ce demi-cercle sous son œil noir ; mais, se redressant aussitôt, il reprit la contenance doucement fière qui lui était habituelle, et, levant sur Paolo un regard où se démêlait seulement une amère tristesse, lui aussi, il attendit.

Paul ne chercha pas à se contenir plus longtemps ; d’une voix brisée, mais pleine de soupçon et de colère :

« Je suis venu vous demander une explication, dit-il. Je l’attends. »

Sous ce vous, comme sous une atteinte mortelle, Ali ferma les yeux, pâlit davantage encore, et resta sans répondre.

« Ali, reprit Paolo, je donnerais ma vie pour en