Page:Leo - Aline-Ali.djvu/22

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Il fixait en même temps sur sa fille un regard observateur.

« Si vraiment, » dit-elle d’un ton si calme et d’une attitude si paisible, qu’un sourire douteux passa sur les lèvres du vieillard.

Après un silence, il reprit avec une certaine hésitation :

« Tu dois avoir lu fort peu de romans ? Voudrais-tu me dire, là, en confidence, — et toutefois si ma question n’est pas indiscrète, — quelle idée tu as de l’amour ? »

Une lueur rose passa, comme une vapeur légère, sur le visage d’Aline, et un peu d’embarras se marqua dans sa contenance. Comme elle ne répondait pas :

« Mettons que je n’ai rien dit, » reprit le père. Mais se tournant vers lui, et jetant ses deux mains dans celles du vieillard :

« L’amour, dit-elle, c’est la plus grande vie du cœur.

— Bien, chère enfant. Mais cela demande une définition nouvelle. En quoi consiste, à ton sens, la vie du cœur ? »

La jeune fille baissa les paupières ; cependant, au travers de ses longs cils, un éclair avait brillé.

« Se peut-elle définir ? dit-elle. Et n’est-ce pas l’immense, l’infini ? »

À son tour, devant cette foi si jeune et si pure, ce fut le père qui baissa les yeux. Tenant toujours la main de sa fille, il sembla chercher une réponse :

« Vous autres femmes, dit-il, vous êtes les conservatrices des beaux rêves.