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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/23

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Et voyant l’allée déserte, il la baisa sur le front.

« Malheureusement, reprit-il, les hommes sont le plus souvent la réalité. Mais Germain est de tous, j’en suis certain, le meilleur et le plus noble. Eh bien, mon enfant, que répondrai-je à M. Larrey ?

— Obtenez un délai, père, je vous en prie.

— Sur quel motif ? Et d’où te vient enfin cette hésitation ?

— Je ne sais, dit-elle naïvement.

— As-tu quelques craintes sur le caractère de ton fiancé ?

— Non.

Aucun autre homme ne t’a semblé préférable ? »

Elle fit en souriant un geste de dénégation.

« Alors, pourquoi attendre ? Tu as près de vingt et un ans et l’on s’étonne déjà de ne pas te voir mariée.

— Voilà une grave raison, dit Aline.

— Peu grave, soit ; mais ta résistance non plus n’est pas sérieuse. »

Sur les traits pensifs de la jeune fille se marqua le travail de la pensée qui se cherche elle-même :

« Mais, dit-elle enfin, pourquoi tant de hâte ? S’engager si vite ! à jamais ! À peine ai-je vu la vie ; mes yeux éblouis n’y distinguent rien encore bien clairement, et l’on me somme de prendre un parti irrévocable ! Je ne me défie pas ; seulement… j’ai bien le temps… et je veux regarder encore. Le mariage est la vie tout entière, accomplie ; quand j’y serai entrée, je ne pourrai plus revenir en arrière… et je voudrais rester un peu plus longtemps sur le seuil, où je suis si bien, père, auprès de vous.

— Quoi ! cette vie du cœur, si puissante, dont tu