Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il réfléchit, et bientôt l’indignation se peignit sur son visage.

« Ali, partons ; je ne veux plus la revoir. »

Puis il se rejeta sur son siége, en se couvrant le visage de ses mains ; des sanglots soulevèrent sa forte poitrine, et des larmes se firent un passage entre ses doigts.

La vue d’une douleur si grande rendit à Ali toute sa tendresse ; il prit les mains de son ami, lui parla ce doux langage qui endort les plus vives douleurs, et convint avec lui qu’ils devaient quitter Florence. Où iraient-ils ?

« Assez loin pour ne plus entendre son nom, » dit Paolo.

En songeant, un souvenir passa, impression douce et triste, sur le front d’Ali…

« Te rappelles-tu, dit-il, la fantaisie dont nous fûmes saisis l’un et l’autre à l’aspect de ce petit val désert, pâturage abandonné, situé au pied d’Argentine, sur le chemin d’Anzeindaz ? Il nous prit le désir d’assister là, seuls êtres vivants, à la chute des avalanches et à la débâcle des neiges. Veux-tu encore de cette solitude ? La nature est une mère dans le sein de laquelle se rejette l’homme volontiers, quand il souffre du mal que lui font les autres hommes.

— Oui, dit Paolo, un lieu où je serai seul entièrement avec toi. Partons pour Solalex. »

Il fut décidé qu’ils écriraient de suite au guide Favre, dont Villano avait l’adresse, et qu’en attendant les huit ou dix jours nécessaires à l’installation d’un ménage dans les chalets, ils feraient une excursion en Savoie.