Page:Leo - Aline-Ali.djvu/229

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moi. Eh bien, ils appellent ça leur nécessaire et le portent partout avec eux. Tu vois par là que, pour leur donner toutes leurs habitudes, la ville entière de Bex n’y suffirait pas.

« En tout cas, dit-il après réflexion, je commencerai par porter là-bas un bon tonneau de vin blanc et un de rouge, à choisir. Justement, il y en a de reste de l’année dernière, du meilleur, chez les Martin. En fait de nécessaire, ce sera toujours le plus pressé. »

Favre songea au reste une partie de la nuit ; la chose en valait la peine. Car, tout bien considéré, le prix de chaque voyage à Solalex, en pareille saison, valait bien trois fois la journée d’été. Trois fois ! était-ce bien assez dire ?… C’était risquer sa vie et sa santé que de voyager par de tels chemins avec son pauvre cheval, au risque des casse-cou et d’un refroidissement dans les neiges. On pouvait bien mettre quatre journées et peut-être même… Ici toutefois une certaine pudeur l’arrêta.

Dix voyages comme ceux-là donc feraient comme un mois et demi d’été, ce qui montait déjà à une jolie somme, et ensuite le temps qu’il plairait à ces messieurs de rester là-bas, ou du moins le temps que mettrait à se décider l’avalanche… Hé ! hé ! la saison d’hiver vaudrait bien l’été.

Cherchant ensuite dans sa tête quels objets il devrait porter à Solalex, et dans quelles maisons du village, y compris la sienne, il les pourrait bien trouver, le père Favre se dit que sur tout cela c’étaient des marchés à faire et, sans se vanter, aux marchés, il s’y entendait. Il ne lui serait pas difficile de prouver à Mme Martin qu’il était plus avantageux