Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour elle de louer ses lits, ses meubles et sa vaisselle, qui ne servaient à rien tout l’hiver, que de ne les pas louer du tout ; car le principe de la concurrence ici lui venait en aide, puisqu’au besoin il trouverait chez d’autres, dans le village, les mêmes objets, un peu moins comme il faut peut-être, mais suffisants. Il aurait donc, en y mettant le temps et l’éloquence nécessaires, la chose à bas prix ; et dès lors ne pouvait-il pas, consciencieusement, s’attribuer la différence, puisqu’elle serait due à son propre talent commercial, et que ses commettants, s’ils eussent agi pour eux-mêmes, n’eussent pas si bien fait ?

Toutefois cet argument, si logique fût-il, ne passa point sans murmures, et Favre s’endormit de mauvaise humeur.

Au réveil, la belle somme qu’il avait supputée la veille lui revint d’un coup dans l’esprit. Pourquoi n’en fut-il point réjoui, comme il eût dû l’être ? Favre sentit le besoin de refaire ses comptes. — Eh quoi ! n’était-il pas leur homme de confiance à ces jeunes gens ? Ne lui avaient-ils pas donné liberté de faire ce qui lui semblerait bon ? Ils s’en fiaient à lui ; dès lors, c’était chose sacrée, et il devait agir pour eux comme pour lui-même. En soupirant, il effaça la somme supposée des profits sur les marchés ; la probité restait maîtresse du champ de bataille.

D’ailleurs, il s’agissait encore d’un beau petit chiffre, et Favre, se hâtant de préparer son meilleur cheval, partit dès les premiers rayons du soleil, armé d’un bâton pour sonder la neige.

Le résultat de ce voyage d’exploration fut qu’on pouvait arriver aux chalets, — non pas sans peine ; mais enfin le vieux montagnard avait, grâce à sa