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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/232

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cheval chargé de provisions, et le vieux guide, conduisant une de ses vaches, marchait en arrière.

Le chemin désormais frayé, car aucune tombée de neige nouvelle n’avait eu lieu depuis le premier voyage de Favre, fut franchi en trois heures de marche, et les deux amis prirent possession de l’étrange habitation qu’ils s’étaient choisie. Tandis qu’on allumait à la hâte un grand feu dans l’âtre, Paul et Ali considéraient leur nouveau logement. Si fruste qu’il fût, l’aspect n’en était pas tout à fait inconfortable ; et les efforts de Favre pour y apporter quelque élégance avaient réussi du moins à donner à l’unique pièce, qui devait être à la fois la chambre à coucher, la salle à manger, la bibliothèque et le salon des deux amis, un air naïf qui les charma. La lucarne, traitée en fenêtre, avait été encadrée de rideaux de cotonnade à carreaux blancs et roses ; en face, étaient deux lits de fer à rideaux blancs ; au milieu de la chambre, une table carrée ; dans un coin, près des lits, une autre table garnie en lavabo ; puis une étagère, un buffet, une garde-robe ménagée entre deux rideaux semblables à ceux de la fenêtre, deux chaises de paille, et, de chaque côté de l’âtre, deux fauteuils que Favre ne pouvait contempler sans un légitime orgueil ; car, majestueusement cambrés, droits, superbes, frais encore, ils semblaient se proclamer eux-mêmes dans ce lieu sauvage les représentants de la civilisation. Luxe non moins précieux, un tapis à grands ramages s’étalait au devant de l’âtre sous les pieds des deux fauteuils, vrais seigneurs de cette demeure.

Le chalet a cet avantage sur les habitations rustiques bâties en moellons, que ses parois intérieures