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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/233

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sont toujours facilement propres. Rien n’était donc déplaisant à l’œil dans cet intérieur. La fenêtre et la porte avaient été soigneusement garnies par Favre de bourrelets de paille très-artistement tressés ; et il ne restait d’inquiétant que l’ouverture, un peu trop béante, de la cheminée, inconvénient qu’on devait combattre par un énorme courant d’air chaud. Cette chambre d’ailleurs donnait dans l’étable, qu’il fallait traverser pour aller dehors, et où d’autres précautions avaient été prises pour que le froid n’altérât pas la santé de la bonne nourrice.

L’autre chalet, qui touchait presque à celui-ci, formait l’appartement de Favre et sa cuisine. Un épais lit de foin avait paru suffisant au montagnard ; mais son attirail culinaire ne manquait pas d’importance outre un gros tas de pommes de terre et les deux bienheureux tonneaux, on y voyait un buffet plein de conserves alimentaires venues de Lausanne. Il fallut tout voir, et subir l’énumération, un peu emphatique, de toutes les peines au prix desquelles étaient arrivées en ce lieu tant de choses que la montagne jusque-là n’avait jamais vues. Plus d’une fois la pensive figure de Paul s’éclaira d’un sourire, et le soir, quand après le souper, servi par Favre, ils se retrouvèrent seuls dans leur chambre, près d’un grand feu, il disait à son ami :

« Voici le premier plaisir que j’éprouve depuis mon départ de Florence : me trouver ici, dans ces hautes régions, seul avec toi. »

Ali et Paul avaient apporté des livres et des crayons, et ils firent chaque jour quelque promenade, en dépit des inquiétudes de Favre, que ses multiples fonctions de valet de chambre et de valet d’écurie,