Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

niser ! Car on réfléchit peu en ce monde, Paul ; on agit de même vis-à-vis des femmes. Soumises à une éducation différente, à des préjugés différents, à une extrême différence de sort, on leur reproche, comme inhérents à leur nature, les défauts qui résultent de ces causes, et, pour comble d’inconséquence, tout en les accusant d’une infériorité qu’on s’attache à entretenir, on leur demande une vertu supérieure à celle des hommes.

— Tu es un grand avocat des femmes, dit Paul en souriant. Et tes arguments sont bons, je l’avoue ; mais on voit que nulle fâcheuse expérience n’a ébranlé tes jeunes convictions.

— J’ai aussi mon expérience, murmura le jeune homme, et plus intime… car je les ai connues… en frère. L’amour, qui devrait être l’expression la plus haute de la vie morale, n’est jusqu’ici que le terrain où l’homme et la femme forcément se rencontrent, mais en adversaires. Ce n’est point une union, mais une bataille où il s’agit d’être le plus fort, et où le plus fort est toujours celui qui aime le moins. Or il est difficile de juger équitablement ses adversaires Et puis nous avons le défaut de généraliser à propos de tout incident personnel. Rosina n’est point le modèle sur lequel tu peux juger toutes les femmes.

— Que sont-elles donc à tes yeux ? demanda Paul.

— Des êtres humains, tout simplement, doués des mêmes facultés et des mêmes passions… que nous ; très-semblables à l’homme et peu différentes, si ce n’est par ces différences artificielles que créent à l’envi leur éducation, leur condition sociale, la