Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

demi-closes ; le mot qui semble errer sur ces lèvres, je donnerais sans regret ma vie actuelle pour l’entendre. J’ai besoin de l’espace entier pour carrière, et de tout ce qui est, dans cet univers dont je fais partie, rien ne doit m’être étranger.

— Avide ! murmura Ali ; quoi ! tu donnerais ta vie !… Ce qui est si loin t’est donc plus cher ?…

— Ah ! s’écria Paul, ne sois pas jaloux de mes désirs, va ! car tu me tiens mille fois davantage que ne m’attire l’inconnu. Je ne te sépare plus de moi dans ma pensée : quand je dis je, cela veut dire nous. »

Une tendresse inexprimable inonda les yeux d’Ali ; il pencha la tête sur le sein de son ami, et ne reprit qu’un moment après :

« Tu es ma famille entière, Paolo, et le point d’attache de ma vie dans l’univers. Je t’aime et te le dis ici, comme un éternel serment, en face de ces choses éternelles. »

Paul, vivement ému, pressa dans ses bras son jeune ami.

« Ah ! dit-il, les biens que tu me donnes valent mieux cent fois que ce qui me reste caché. Tu m’as découvert dans la vie humaine des étendues que je ne connaissais pas. Tu as élevé mon cœur à des hauteurs que, même dans l’amour, il n’avait jamais atteintes. »

Quelque temps encore ils contemplèrent les neiges roses du Moeveran et son glacier, qui sous le soleil étincelait ; ils avaient peine à s’arracher de ce spectacle, dont les grandeurs et les poésies venaient de s’augmenter pour eux, après cette effusion de tendresse, d’un charme sacré. Le froid, cependant, les obligea de ne pas rester plus longtemps immo-