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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/247

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biles, et ils se mirent en marche pour redescendre. Un peu plus bas, la neige enfonçait décidément, et ils durent dévier de la route directe pour chercher un terrain plus facile. Paul marchait en avant. Tout à coup il enfonce, essaye vainement de se retenir, et, glissant avec une rapidité extrême sur le flanc de la montagne, au milieu de blocs de neige, il disparaît.

Saisi de stupeur, Ali s’était arrêté. Vainement il se pencha sur l’abîme pour saisir un signal, un cri de son compagnon. Le précipice, qu’ils n’avaient pas soupçonné, et que voilait une sorte de pont de neige maintenant effondré, se creusait obliquement. Ali mesura du regard l’espace qui le séparait du chalet, c’est-à-dire des secours de Favre : une heure au moins, deux heures par conséquent ; et pendant ce temps Paul se mourait peut-être, seul, abandonné. Le jeune homme, jetant du regard et de la voix un appel désespéré vers le chalet, plaça son bâton en croix derrière lui, et, fermant les yeux, seul signe de faiblesse dans cette détermination héroïque, il s’élança dans l’abîme sur la trace de son ami.

Pendant trente ou quarante secondes — elles deviennent perceptibles à ces moments-là — Ali glissa le long des parois neigeuses ; puis il se sentit lancé dans le vide, et bientôt après une rude secousse, amortie cependant par la neige, l’avertit du terme de sa périlleuse descente. Malgré l’ébranlement douloureux de ses nerfs, il ouvrit aussitôt les yeux pour jeter autour de lui un anxieux regard, et dans le demi-jour qui régnait au fond de la crevasse il vit avec une joie indicible son ami, qui, meurtri sans doute, mais bien vivant, se relevait avec peine.

« Ali ! cher Ali ! s’écria Paul. Je te croyais sauf