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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/248

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du moins. N’étais-tu pas assez loin de moi pour l’arrêter ?

— J’ai voulu te suivre !

— Me suivre ! Ah ! malheureux ! Ah ! cher et sublime ami ! Mais c’est la mort ! Une mort affreuse, au fond de ce trou de neige. Vois cette profondeur, ces parois concaves, la neige amollie. J’ai déjà mesuré de l’œil tout cela. Nulle oreille ne peut nous entendre.. Que ne courais-tu chercher Favre ? Peut-être… Ah ! tu t’es perdu pour moi !

— Je t’ai cru brisé, mourant, au fond d’un abîme. Et te laisser ainsi plusieurs heures… seul !… peut-être pour ne plus te retrouver !… Favre nous cherchera et nous sauvera, s’il est possible. Mais si ce lieu est tel qu’on ne puisse en sortir, Paolo, du moins j’y suis avec toi.

— Tu ne veux pas vivre sans moi ? » dit Paolo d’une voix dont le timbre, affaibli par l’émotion, eut une douceur extrême.

Il prit Ali dans ses bras et le tint pressé longtemps sur son cœur. Puis, relevant son visage, tout resplendissant d’un éclat sublime, les yeux brillants de résolution :

« Ali, moi, je veux que nous vivions ! j’aurais peur de te perdre dans la mort. Il faut que nous sortions d’ici ! »

Il se mit alors à faire le tour de la crevasse, en étudiant le côté le plus favorable à une ascension. C’était une sorte de puits, évasé par le bas et à peu près circulaire, que la neige n’avait pu, dans ses parties les plus concaves, tapisser entièrement, et I dont les parois s’élevaient, en se rétrécissant jusqu’à l’orifice, à six ou sept mètres de hauteur.