Page:Leo - Aline-Ali.djvu/255

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Il frotta de neige les poignets et les mains d’Ali, et voulut aussi lui en frotter les jambes et les genoux ; mais Ali s’y refusa ; il saisit la corde de son bâton, et à la voix de Favre, qui d’en haut criait :

« Êtes-vous prêts ? »

Il répondit, tout en gravissant le tas de neige :

« Enlevez ! »

La corde s’éleva lentement avec son fardeau, tandis que Paul suivait des yeux, avec crainte, cette ascension. L’état mental de son ami, cette prostration succédant à une exaltation si vive, ne le laissaient pas sans inquiétude. Cependant il le vit, à la courbe de la voûte, se servir heureusement de son bâton et grimper des genoux et des pieds, dès qu’il eut touché le bord. Alors, un grand cri de joie s’exhala du cœur de Paul : Ali était sauvé !

La corde redescendit aussitôt, et Paul fut enlevé de même, bien qu’un peu plus lentement. Quelques minutes après, il se trouvait près de Favre et de son ami, sur un col de la montagne. Au bord de la crevasse, autour d’un grand pieu de fer profondément enfoncé dans la terre, la corde était enroulée ; Paul, avec tout l’élan de sa généreuse nature, se jeta dans les bras de Favre.

« Nous te devons chacun deux vies ! lui dit-il. C’est bon ! répondit brusquement le bonhomme, au fond tout gonflé de joie ; je sais que vous êtes deux bons enfants ; mais, pour le moment, il n’y a qu’une chose à faire, voyez-vous, c’est de se dégourdir vivement pour rentrer chez nous. Voici la nuit qui vient, et vous avez, je pense, besoin d’un bon feu. »

Ils prirent le chemin du chalet. Les derniers