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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/26

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les défauts, de tels hommes cueillent naturellement les fleurs de la vie, et, bien que portés par une probité naturelle à combattre l’injustice, ils considèrent aisément comme esprits chagrins les mécontents.

Nourri déjà dans sa famille d’un certain libéralisme, l’esprit éclairé de Germain n’avait pu se refuser à admettre assez largement les principes démocratiques ; mais il était trop bien élevé pour n’en pas soumettre aux convenances l’expression et l’application, quant à sa propre conduite, et il s’en remettait au temps avec confiance pour réaliser dans la société les réformes qui lui semblaient utiles. Cette résignation facile et cette tolérance pour le présent, le portaient vers les combinaisons ingénieuses qui font du contraste la loi principale de l’harmonie, et se plaisent à fusionner les incompatibles. Près des siens, il passait pour un démocrate aimable, d’une audace effrayante et d’un bon goût rassurant, double prestige ; quant aux républicains, ils lui savaient gré de penser à peu près comme eux, parce qu’il n’était pas de leur monde, et pour le même motif lui pardonnaient d’agir faiblement. Et puis, il était généreux.

Élégant, spirituel, riche, beau garçon, il était recherché des femmes ; mais avec le sens parfait qui le caractérisait, non-seulement Germain avait renoncé promptement aux plaisirs vulgaires, mais il avait résolu de n’ouvrir son cœur désormais qu’aux affections honnêtes, qu’il estimait être les meilleures sources du bonheur, en même temps que les seules garanties de la dignité. Aussi venait-il de rompre sa liaison avec la belle comtesse de R…, femme d’un ambassadeur étranger, la laissant inconsolable.