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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/27

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C’est alors qu’il était devenu assidu près de Mlle de Maurignan et avait demandé sa main, donnant à ses amis, pour motif de son choix, qu’elle n’était ni coquette ni vaine.

En se mariant à vingt-huit ans, après des folies si courtes, avec une jeune fille moins riche qu’il n’était lui-même, et choisie pour de tels motifs, Germain Larrey donnait une preuve sérieuse de raison et de caractère, et, vis-à-vis du monde, tournait décidément au puritain de bon goût. Aline de Maurignan avait beaucoup de jalouses.

Si la sagesse avait déterminé ce choix, le cœur se mit promptement de la partie. Il eût été difficile de ne pas subir le charme pénétrant de cette jeune beauté, sérieuse et modeste, qui, toujours vraie, avait parfois des gaietés d’enfant et d’adorables sincérités.

Ainsi que l’avait dit M. de Maurignan, Germain était donc fort amoureux, et tout le dénotait, le soin qu’il prenait de plaire, quelque timidité, peu habituelle chez lui, de continuelles attentions, et surtout ses regards pleins d’une émotion sincère, qui troublaient le cœur d’Aline et la jetaient en des rêveries qu’elle n’avait point encore eues.

Pendant cette promenade à travers champs et bois, sous les haleines printanières, dans l’ombre discrète qui tombait, jamais la voix de Germain n’avait été si émue ; jamais la conversation des deux fiancés n’avait été si attachante, si pleine, si intime.

Quand ils descendirent à l’hôtel de Maurignan, rue de l’Université, vaste et antique habitation qui représentait à elle seule une fortune, mais peu productive, Aline répondit pour la première fois par une pression du bout de ses jolis doigts au baiser