Page:Leo - Aline-Ali.djvu/269

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referma en exhalant un profond soupir ; puis sa poitrine se gonfla, et des larmes, filtrant au travers des cils, coulèrent bientôt, abondantes, sur ses joues.

« Ô chère ! murmura Paul, ô cher être divin que je ne sais plus nommer ! pourquoi ces larmes, quand mon âme déborde de ravissements ? Où sommes-nous ? Que regrettes-tu ? Un tel miracle bouleverse ma pensée… Mais nous sommes toujours ensemble, et… ne veux-tu pas m’aimer encore ? »

Il s’arrêta le souffle manquait à sa poitrine. Il contemplait en l’adorant cet être, si cher déjà, devenu plus cher encore, et ses bras tremblants l’osaient à peine soutenir. Au milieu de tant de bonheur, ces larmes, qu’il voyait toujours couler silencieusement, lui faisaient mal… et peur.

« Oh ! parle-moi, reprit-il ; un mot, je t’en prie ! Dis-moi si je veille ou si je rêve, et quel monde nous habitons. Je me sens jeté hors de l’espace où j’ai vécu jusqu’ici… Je vis dans l’ivresse la plus puissante qu’un homme puisse porter sans mourir. Ah !… tu fais bien de pleurer peut-être, et de mêler cette amertume à de telles délices, pour que je n’en sois point écrasé. Ali ! cher Ali ! Pardonne-moi d’avoir deviné ce que tu voulais sans doute me cacher encore. Dis-moi ton autre nom, et rends-moi ton âme ; car la mienne fléchit sous le poids de ce double amour. »

Elle rouvrit les yeux, se redressa, et le repoussa doucement. Paul resta muet, le cœur serré, traversé tour à tour de saisissements et d’élans de joie. Quand leurs yeux se rencontrèrent, elle baissa les siens avec un mélange de confusion et de tristesse, puis elle murmura :