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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/270

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« Funeste accident !

« Paul, dit-elle un moment après, soyons toujours les mêmes, je t’en prie ! »

Il répéta :

« Les mêmes ! » avec une sorte de stupeur.

Elle voulut alors se relever, oubliant sans doute sa blessure ; mais en appuyant le pied malade, elle fit un léger cri et retomba.

Sur les traits de Paul, la douleur et la joie se fondirent en une tendresse inexprimable.

« Laisse-moi te porter, dit-il, tu ne peux marcher, tu le vois bien. »

Elle ne répondit pas ; il l’enleva dans ses bras et l’emporta vers le chalet d’une marche inégale, tantôt se sentant près de défaillir sous la violence de ses émotions, tantôt soulevé comme par des ailes. Pendant ce trajet, pas une parole ne fut échangée entre eux ; un grand trouble dominait également leurs pensées, d’autant plus grand, pour ces cœurs si habitués à s’entendre, qu’une différence profonde venait de se marquer dans leur sentiment, et que chacun cherchait avec anxiété quelle serait la pensée de l’autre.

Au chalet, tandis que Favre s’empressait autour du blessé, ils reprirent un peu possession d’eux-mêmes.

Mais quand il les eut quittés et qu’ils se retrouvèrent seuls, de chaque côté du foyer, une étrange timidité les prit l’un et l’autre. De toutes les pensées qui se pressaient dans leur esprit, aucune, au moment d’élever la voix pour se faire entendre, n’osait ; car toutes entamaient par quelque côté la question décisive qui venait de se poser, et qui leur parais-