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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/283

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En achevant le cercle, près du foyer elle se heurta contre une bosselure du sol ; ce ne fut qu’un ébranlement léger ; mais il ne l’en saisit pas moins dans ses bras en poussant une exclamation de crainte.

« Imprudente !

— Eh ! docteur mille fois trop prudent ! ce n’est rien du tout. »

Devant ce beau, ce divin sourire, une folie le prit, et — ce qui d’ailleurs lui était arrivé cent fois déjà — il serra sur son cœur son bien-aimé compagnon, mais avec une violence inusitée, et, au lieu de son front, rencontra ses lèvres. Ce contact l’enivra ; toute la passion qui déjà le possédait s’épancha dans ce baiser ; ivresse aussi courte par sa durée qu’immense par l’intensité, car il se sentit presque aussitôt repoussé avec énergie, et, s’arrachant de ses bras, l’œil éclatant de courroux, Aline alla se jeter sur un siége, où, se couvrant le visage de ses mains, elle fondit en larmes.

Désespéré lui-même, il s’approcha d’elle ; ses traits étaient animés d’une expression ardente et sombre, et sans doute une explication allait avoir lieu entre eux, quand Favre rentra, portant le déjeuner. Ils dissimulèrent l’un et l’autre leur agitation, en attendant la sortie du bonhomme ; mais celui-ci entendait rester. Il s’accroupit près du feu et les força de se mettre à table, disant que le café allait refroidir.

« Et puis, dit-il en manière d’exorde, j’ai une idée à vous communiquer.

— Parlez, » dit Paul.

Il faut dire que, depuis l’installation au chalet, Favre, actif, habile, traité par les deux jeunes gens en aide plutôt qu’en serviteur, eût trouvé son sort