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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/282

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« Il est temps que tu prennes du repos », dit-il, et il sortit.

La jeune fille le suivit d’un regard triste.

« J’aurai beau faire, se dit-elle en soupirant, tout est changé. »

Elle se coucha. Paul ne rentra que longtemps après, et le lendemain, à son réveil, Aline se vit seule dans la chambre. Elle s’habilla comme à l’ordinaire sous ses rideaux. Favre vint allumer le feu.

« Où donc est Paul ? demanda-t-elle.

— Oh ! pas loin ; il m’a dit de l’appeler quand monsieur serait levé. Comment va votre pied, monsieur ? Est-ce une vraie entorse, ou une fausse ?

— Appelez Paul, mon bon Favre, il vous le dira »

Favre sortit en grommelant un monologue, et Paul entra bientôt après. Il visita le pied malade, qu’Aline assurait être guéri, et déclara qu’en effet ce n’était qu’une simple entorse. L’os ayant repris immédiatement sa place, et l’eau glacée ayant prévenu toute congestion, après trois ou quatre jours l’effet de la commotion aurait cessé.

« Trois ou quatre jours, s’écria-t-elle, ici, dans fauteuil ! quel ennui ! Mais c’est inutile, je t’assure. »

Et posant dans sa pantoufle le petit pied débarrassé de ses bandelettes, elle se mit à faire le tour de la chambre légèrement, quoique avec une certaine hésitation dans la démarche. Inquiet, un peu mécontent, il la suivait, les bras étendus, comme une mère craintive surveille les premiers pas de son nourrisson ; mais elle fuyait devant lui, tournant la tête et le regardant d’un air malicieux, sans deviner combien elle était ainsi gracieuse et piquante.