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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/313

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supplie, ne m’abandonne pas. Donne-moi la main, que je puisse te suivre et m’élever jusqu’à toi.

Écoute, il m’est impossible de comprendre pourquoi je suis ici, toi là-bas. Quel mal peux-tu craindre de ma présence ? On trouve facilement un prétexte. Ne serai-je pas ce que tu voudras ? Et je ne te parlerai que de ce qu’il te plaira d’entendre. Mais vivre ici, loin de toi, je n’y puis rien, c’est une agonie ; je manque d’air. J’éprouve une oppression insupportable, une inquiétude, une irritation, qui éclate parfois en emportements irrésistibles. Laisse-moi t’aller voir ou t’aller chercher. Je me calmerai près de toi. Nous nous comprendrons par un mot, par un regard, mieux que par cent lettres. Nous écrire !… Tiens, mes doigts se crispent autour de cette plume et l’écrasent. À quoi bon cette séparation ? Que peut-elle produire ? Rien. Tu raisonnes là-bas ! Ah ! pauvre chère adorée, laisse-moi vivre près de toi, et sans raisonner, sans même parler, te tout dire, t’envelopper de la contagion d’un puissant amour, te communiquer cette fièvre qui est, crois-le bien, l’expansion la plus haute et la plus sacrée de la vie.

Appelle-moi. Ne me refuse pas. J’attends ta réponse avec une anxiété mortelle. Je ne pourrais comprendre ton refus ; j’en serais désespéré.


ALINE À PAUL.

Viens, puisque tu le veux. Car tu es en ceci comme les autres hommes : ton désir est ta volonté.